Intégrale : La Moira, Le cycle des loups de Henri Loevenbruck

Splendide couverture pour cette édition révisée et augmentée de l'intégrale de La Moira publiée chez J'ai Lu, une trilogie écrite il y a plus de quinze ans par Henri Loevenbruck, éditée à l'origine chez Bragelonne. Un récit de facture classique en fantasy : une héroïne adolescente qui va se révéler au fur et à mesure d'une quête qu'elle poursuivra entourée de compagnons, un univers régi par la magie, quelques créatures légendaires (silves, lutins et autres gorgûns), des loups incarnés... Un peu Game of Thrones, bien sanglant mais en version moins "réservée aux adultes".
Orpheline, Aléa est une petite sauvageonne qui survit de larcins dans un village du Sarre, un comté neutre de Gaelia. L'île est dominée par la Galatie dont le roi est la marionnette des druides de Saï-Mina. Mais sa suprématie est menacée par le catholicisme qui s'est répandu en Harcourt depuis la venue d'un évêque revanchard nommé Aeditus. Et puis surtout, une menace s'élève au Sud. Des guerriers légendaires, les Thuathanns, chassés de Gaelia il y a des siècles, sont revenus du Sid, un monde parallèle, pour reprendre leur terre. Alors que tous complotent des alliances pour le pouvoir, Aléa, elle, lutte pour survivre. Un jour de grand désespoir, alors qu'elle s'est réfugiée dans le désert, elle trouve un cadavre auquel elle subtilise une bague. Elle ignore que c'est la première manifestation de son destin. Car la jeune fille de 13 ans n'est autre que la Samildanach, une sorte de super druide. Petit à petit, elle comprend que lui revient la tâche de créer un nouvel âge pour Gaelia, un âge qui va redistribuer les cartes du pouvoir. Pour y parvenir, elle doit accroître ses connaissances du Saîman (le pouvoir des druides) et des prophéties qui la concernent. Elle parcourra Gaelia accompagné d'un vieux nain croisé sur la route, d'un Grand Druide, d'une barde, d'une cheminante, d'un Magistel et de son fils. Mais le temps presse. La guerre a éclaté et sur une île à l'est de la capitale galatienne, Maolmordha, un druide renégat fourbit ses armes. Seigneur des gorgûns, maître des Hérilims et porteur de la flamme des ténèbres, il maîtrise le Saîman et l'Ahriman. Aléa sera-t-elle de taille ?
Déroulant peu à peu les intrigues de pouvoir au fur et à mesure que le destin d'Aléa et de Gaelia se joue, le récit est suffisamment rythmé pour que l'on avale sans défaillir les quelque 1 000 pages de cette intégrale en format poche. Aux guerres territoriales se mêlent les inévitables guerres de religion avec comme repère la place des femmes dans les différentes sociétés. Aucune ne leur fait la part belle. Elle ne peuvent pas être druidesse à SaÎ-Mina, ni étudiante en Harcourt ou dirigeante. Mais certaines, notamment Aléa, ne l'entendent pas de cette oreille et forgent leur propre destin.
Cerise sur le gâteau, comme Jean-Luc Marcastel dans Louis le Galoup, Henri Loevenbruck a étoffé ses aventures de recettes succulentes (ex page 831) qui vous font soudain sentir une petite faim. Mon seul bémol serait l'histoire d'amour consommée d'Aléa. Peut-être marquée par le débat sur l'âge du consentement sexuel, j'ai été chagrinée qu'Henri Loevenbruck ne s'en tienne pas à une histoire platonique comme la plupart de ses confrères, son héroïne n'ayant que 13 ans, d'autant plus que ça relève presque de l'anecdote dans l'histoire. Donc purement inutile.