Eddings dans les pas de Tolkien
J'ai découvert grâce à une amie la première saga écrite par l'Américain David Eddings (décédé il y a près de deux ans), La Belgariade. Composée de cinq tomes, elle raconte l'histoire d'un jeune paysan dont la destinée sera bien sûr de sauver le monde.
Au moment où nous le rencontrons, Garion vit dans une ferme. Orphelin, il est élevé par la cuisinière qu'il appelle tante Pol. Une maîtresse femme qui ne laisse rien passer mais l'entoure d'une affection absolue. A défaut de père, il a construit une solide amitié avec le forgeron, Durnik. Et parfois, il a le plaisir de retrouver un vieux vagabond, Belgarath, qui vient à la ferme échanger des histoires à la veillée contre un toit et un bon repas. Bref, une vie simple entre échauffourées avec les copains et premiers émois amoureux... Garion est à dix mille lieues d'imaginer ce qui l'attend.
Tout va se précipiter quand Tante Pol lui annonce qu'ils doivent partir en voyage. Joints par le vagabond et Durnik, ils se lancent dans un mystérieux périple auquel vont se rallier au fur et à mesure des contrées traversées, de nouveaux compagnons : Silk, le Drasnien, un guide pour le moins rusé, Barak, un redoutable guerrier alorien, Hettar, un Algarois doué pour communiquer avec les chevaux, deux Arendais ennemis mais qui pratiquent le même langage ampoulé, l'Asturien Lledorin et le chevalier mimbraïque Mandorallen, l'agaçante princesse Ce'Nedra de Tolnedrie, un fanatique nommé Relg en Ulgolande et une jeune esclave qu'ils délivrent de Chtol Murgos. Vous l'aurez compris, cette formation n'est pas sans rappeler la Communauté de l'Anneau rassemblée par Tolkien. Et Garion n'a rien à envier à Frodon dans la mission qu'il doit remplir. Tout a été tracé bien avant leur naissance à tous (ou presque). Ils sont au coeur d'un litige entre dieux et seul Garion est susceptible de sauver le monde.
Tout commence quand Torak, le dieu des Angarraks, vole l'Orbe de son frère Aldur, un objet d'une puissance immense. Une guerre s'ensuit, les cinq autres frères de Torak s'unissant à Aldur pour récupérer le joyau. Pour se protéger, Torak tente de déchaîner le pouvoir de la pierre mais celle-ci se retourne contre lui, lui brûle une partie du visage et une main. Finalement, le premier disciple d'Aldur parvient à récupérer l'Orbe. Il le confie à Riva qui le cache dans son royaume insulaire. La lignée de Riva s'attache dès lors à assurer la sécurité de la pierre. Ce premier disciple s'appelait Belgarath.
Des siècles ont passé quand des assassins Nyissiens parviennent à envahir Riva. Un descendant du roi réussit toutefois à s'enfuir de l'île. Il est recueilli par Polgara, la fille de Belgarath, qui protégera la lignée survivante pendant 1 300 ans. Quand, de nouveau, l'Orbe est volée. C'est à la poursuite du voleur que Belgarath (le vagabond) s'est lancé avec ses compagnons. Car si l'Orbe rejoint Torak, celui-ci s'éveillera du long sommeil dans lequel il est plongé et la guerre reprendra. Tout reposera alors sur les épaules du dernier gardien de l'Orbe, Garion, vous l'avez deviné!
Je n'en révélerai pas plus. Tolkien a fasciné Eddings qui s'impose vraiment en digne émule. Il nous entraîne dans un fabuleux voyage, dans des contrées imaginaires où chaque peuple présente des caractéristiques distinctes, souvent décrites avec humour. Les personnages sont dépeints avec finesse, dévoilant autant de défauts que de qualités ce qui les rend d'autant plus attachants. Les dangers qui les guettent sont innombrables qu'ils viennent de créatures fantastiques, de la magie ou de la face obscure de l'humanité. Bien sûr, l'amour et ses fantaisies font partie du récit, un parcours initiatique à part entière! Les livres sont extrêmement bien écrits, les descriptions riches, l'originalité omniprésente. J'ai parfois été surprise de voir quelques mots grossiers jaillir au détour d'une phrase. Ils ne cadrent pas en général avec l'heroic fantasy. Peut-être une bévue dans la traduction ? Mais ils sont rares et le plaisir de l'aventure reprend vite le dessus!
A moi maintenant les préquelles qui complètent La grande guerre des Dieux (deux sur Belgarath, deux sur Polgara) avec les cinq tomes de La Mallorée et Le Codex de Riva. Et qui sait, peut-être me lancerais-je plus tard dans les autres cycles, La pierre sacrée perdue (deux trilogies) ou La tétralogie des Rêveurs ?